Carine Ours, 18 ans en 1973

Je sors de cette lecture toute étonnée et enchantée de me rendre compte à quel point l’écriture et l’agencement des mots, leur précision peuvent être poussés à leur paroxysme.

L’auteure revisite son passé avec une précision chirurgicale, essayant de retrouver, ressentir,revivre chaque sensation, sentiment, pensée, jugements portés sur elle par elle d’événements passés quelques 50 années plus tôt.

Avec la passion du géomètre, elle arpente son terrain, mesurant et remesurant avec précision chaque parcelle de mémoire, que dis-je !! en millimetrant chaque événement, chaque rencontre, chaque lieu parcouru ce fameux été 58 ..

Comme l’horloger, elle fragmente, défragmente chaque instant de temps, chaque pensée revenue au détour d’une lettre, d’un cahier, d’un rappel fugage surgissant d’un lieu retrouvé autant d’années après .. aucune indulgence, aucun faux-fuyant,aucune excuse envers elle-même.

Enquête policière menée à la loupe, tantôt par la philosophe pour retrouver ou découvrir avec le recul, le SENS, tantôt avec le flair du chien policier furetant ,farfouillant les méandres d’un passé jamais oublié mais souvent enfoui dans les profondeurs du temps et de la vie qui avance inexorablement.

Rage du fossoyeur aussi creusant pour la Xieme fois dans les décombres de la tombe du passé pour en exhumer tout ce qui pourrait faire sens. Excaver TOUT ce qui est exploitable , briquer, astiquer longuement, patiemment,minutieusement chaque angle, chaque face pour en extraire peu à peu qui elle est devenue aujourd’hui.

Revisite des deux années suivantes pour sortir d’un tunnel d’incompréhension , de souffrances, ou le froid intérieur, l’indifférence au monde, dominent.

Qu’il est tortueux et long ce chemin vers le meilleur de soi-même.
Merci Madame Ernaux , de m’avoir permis de renouer avec quelque chose en moi !!

Carine Ours

 

A VOIR:
Mémoire de fille au Théâtre de Namur du 9 au 14/01

 

Commentaires

(0)
Mémoire de fille →