Le podcast « Les couilles sur la table »

Gauthier Pirson
45 ans, namurois de naissance et amoureux de sa ville, de son histoire et de sa citadelle. Je déteste les tortues clinquantes. Psychologue de formation, j’aime surtout les gens ou plutôt la diversité du genre. la littérature me fascine tout en étant submergé par son immensité, forçant l’humilité. J’adore le vin italien. Mais j’aime par dessus tout les conversations adulescentaires avec mes enfants de 18, 16 et 14 ans.

51% féminin, 49% masculin

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Victoire Tuaillon n’est pas mal dans son genre. Fondatrice du Podcast « les couilles sur la table », elle est de ces femmes qui en ont. Et c’est d’ailleurs tout l’enjeu de son initiative puisqu’elle s’inscrit ouvertement dans une démarche de réflexion féministe (le mot -certains diront le fauve- est lâché, conséquence d’une histoire masculiniste) autour de l’homme, de la masculinité.

Et pour alimenter le débat, Victoire Tuaillon, journaliste de formation, sait s’entourer, offrant une réflexion fouillée et profonde dont personne ne sort indemne. Parce qu’elle a conscience que montrer publiquement ses seins génère encore une réaction masculine, elle a sorti de son futal sa désidentification de genre pour favoriser une réflexion intellectuelle de fond à travers des reportages soutenus par des invités incontournables dont la neutralité du genre n’est plus un combat quotidien mais un état, celui d’être.

La liste est longue mais les entretiens avec Paul B Preciado et Didier Eribon sonnent comme un écho violent dans les couloirs scéniques de Ton joli rouge gorge.

Paul B Preciado, anciennement Béatrice, vient bousculer une épistémologie binaire, celle de l’homme et de la femme, du bleu et du rose, pour être à son tour bousculé par un système non seulement épistémologique mais également et surtout scientifique, la psychanalyse, comme le dénonce Didier Eribon, devenant même la référence politique.

Lorsque Béatrice Preciado sent son être devenir Paul et fait la demande d’un changement d’état civil, Ielle se voit soumis-e au diagnostic d’un psychiatre, devant établir une « dysphorie du genre » pour valider ce changement. Didier Eribon suffoque.

Paul B Preciado est philosophe, auteur et commissaire d’exposition. Didier Eribon est sociologue et philosophe.

La psychiatrie et, in extenso, la psychanalyse se positionne comme unique lecture d’une norme sur laquelle le politique s’appuie pour définir le normal du pathologique. Et, lorsqu’il est question du genre, tout commence dès notre naissance, le passeport révélant que l’assignation du genre masculin ou féminin précède l’acceptation à la citoyenneté : sexe : homme/ femme.

La psychanalyse, comme le souligne Didier Eribon, n’est pas innocente. Ce que nous disent les psychanalystes s’’inscrit trop souvent comme une vérité absolue. Didier Eribon parle du terrorisme intellectuel des psychanalystes,…, la psychanalyse est un symptôme de l’ordre social qui travaille à le défendre plutôt qu’une réflexion. Dès lors, la psychanalyse imprégnant nos consciences et véhiculant l’hétérosexisme, la binarité s’inscrit comme une évidence citoyenne, une évidence du genre, de l’appartenance.

Mais qu’en est-il du rouge-gorge ?

Ton joli rouge-gorge fait se perdre la psychanalyse dans les bois, redéfinit la question du genre et, dans le même temps, se perd lui-même dans la question de l’ange ou du démon. Une œuvre légère et particulièrement profonde à la fois. Une désidendification totale soumise au lien… au téléphone…à l’alcool… Le rire est celui de notre éternel questionnement, d’une adolescence homocode devenant hétéronorme. Est-ce un rite ou une construction sociale. Sans nul doute une superbe illustration de cette différence sacrée entre identification et naturalisation.

Cours particulier avec Didier Eribon, deuxième partie

 

Cours particulier avec Paul B. Preciado (1/2)

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