« Johari – Brass Band » est le symbole triomphal de la réappropriation par l’Afrique de sa propre histoire. Au début du XIXe siècle, la France, affaiblie par la révolte et la perte de Saint-Domingue, change de stratégie et vend la colonie française de Louisiane aux Etats-Unis. Les troupes quittent le territoire, abandonnant sur place leurs instruments de musique. Ces cuivres ont été ensuite repris par les esclaves pour créer les Brass Bands (fanfares). Les deux sculptures de Sammy Baloji à la forme de sousaphone et cor d’harmonie sont inspirées de ce chapitre de l’histoire coloniale. Les cuivres sont scarifiés par l’artiste, en écho aux pratiques ancestrales congolaises éradiquées par la présence coloniale. Ils sont intégrés dans des structures métalliques reprenant la forme de minerais du Katanga, une province du Congo riche en ressources minières surexploitées par des entreprises internationales depuis 1885.
Biographie
Sammy Baloji est né en 1978 à Lubumbashi au Congo et vit entre Lubumbashi et Bruxelles depuis 2006. Il ne cesse d’explorer la mémoire et l’histoire de son pays d’origine. Son travail est une recherche continue sur le patrimoine culturel, architectural et industriel de la région du Katanga, ainsi qu’une remise en question de l’impact de la colonisation belge. Son regard critique sur les sociétés contemporaines constitue un avertissement sur la façon dont les clichés culturels continuent à façonner des mémoires collectives et permettent ainsi aux jeux de pouvoir sociaux et politiques de continuer à dicter les comportements humains. Le travail de Sammy Baloji a rejoint les plus grandes collections françaises et internationales. Sa résidence de 2008 à 2010 au Musée Royal d’Afrique Centrale à Tervuren lui a permis de travailler sur les collections de ce musée commandé en 1897 par Leopold II à Charles Girault… l’architecte du Grand Palais.